Dans la torpeur estivale d'une petite station thermale des
Pyrénées où elle accompagne ses parents, une jeune fille, mal
dans sa peau peut-être, s'invente un mystère : celui des garçons
d'en face. Deux gamins que l'on tient enfermés dans une grande
maison-citadelle et qu'on ne sort qu'à la nuit, en secret, pour
une destination inconnue. Des monstres, affirme la rumeur. La
jeune fille veut connaître l'autre côté du mur - ou du miroir -,
affronter du regard la réalité interdite, la violence du difforme.
Bien des années plus tard, elle raconte ces trois semaines
d'été. Le temps a effacé quelques lignes d'ombres et de troubles,
mais il en a aussi créé d'autres, plus subtiles, plus profondes.
Le souvenir et l'écriture du souvenir inventent également des
mystères, des fictions et des monstres. Celle qui raconte est la
même, mais pourtant une étrangère, comme le papillon se souviendrait
de la chenille. C'est peut-être aussi que les frontières
sont invisibles.