Pour célébrer le trentième anniversaire de leur baccalauréat - promotion
de 1943 -, des Hongrois, depuis lors dispersés à travers le
monde, se retrouvent à Budapest. En dépit du temps passé, de
la séparation et des calamités de l'Histoire, les affinités électives
jouent à nouveau. Un quatuor d'anciens amis se reconstitue,
auquel manque pourtant l'un des frères jumeaux Wildenstein, que
représente sa fille, la jeune Gabriela, amenée là par l'autre frère, son
oncle.
Les quatre personnages - trois hommes mûrs, dont le narrateur
Mór Steinberg, et la jeune fille - prolongent la fête des retrouvailles
par un voyage dans la puszta hongroise, sous la conduite de celui
d'entre eux qui est resté au pays : Jakub. La ferme perdue, où ils
vont passer quelques jours et quelques nuits au coeur de l'été, est
comme une porte qui s'ouvre sur la continuité des steppes, jusqu'à
des espaces qui contiennent certains replis du temps. Peut-être est-ce
là que, chaque jour, la jeune Gabriela disparaît pour ne réapparaître
qu'à la nuit, et entraîner le narrateur, qui fut l'amoureux malchanceux
de sa mère, dans une initiation réclamée à l'homme mûr, à qui elle
offre ainsi cette revanche du destin.
Mais la grande plaine de l'Europe centrale est aussi le lieu d'autres
phénomènes, où nos voyageurs sont les témoins d'une résistance de
l'ancien monde à sa propre disparition. Ce roman, qui se joue des
époques, projette sur les lieux du désastre des ombres où ce qui fut
détruit trouve une étrange lumière pour réapparaître.