Phoenix

« Ils étaient assis sur la terre, sur notre terre qui peine et qui bruit dans la nuit. C’était la première fois, depuis qu’il aimait Joe, que Sean éprouvait une émotion à laquelle celui-ci n’avait aucune part. L’air était chargé d’odeurs pauvres, qui ne le dévastaient ni ne le traitaient de haut. S’il révérait l’odeur des jacinthes, des roses rouges ou des pelouses que l’on vient de tondre, il ne les comprenait pas, néanmoins : c’étaient elles qui le comprenaient. L’odeur de cette nuit-là, au contraire, avait besoin de Sean pour l’accueillir, la recueillir, la protéger. »

Un meurtre a été commis : le jeune Joe Laverna a été abattu par Yahto, un écrivain écologiste. Sean, étudiant en journalisme, qui a partagé un appartement avec Joe, possède peut-être la clé du drame. Dans un retour en arrière, est racontée la passion de Sean, militant contre la peine de mort, pour Joe, doux autiste à la sexualité indécise. La personnalité trouble de Yahto qui entraîne Joe dans une action spectaculaire, l’amour de Joe pour une libraire activiste, les incertitudes amoureuses de Sean créent dans une Amérique marginale et poétique un climat envoûtant. Dans ce troisième roman, Agnès Clerc prouve avec éclat son art de la narration et de l’analyse politique et psychologique, en donnant chair à des personnages inoubliables.