«Voici regroupées des chroniques écrites
au fil du temps depuis maintenant une
dizaine d'années. Si je les souhaite à peu près
véritables, elles n'en sont pas moins romancées.
L'anonymat n'est pas prétexte à me
donner licence de tout dire. Peu importe qui
parle et de qui je parle (les noms sont fictifs
- à l'exception des morts -, les circonstances
très souvent modifiées). J'ai toujours écrit
ces textes dans le désir, non d'affirmer quoi
que ce soit, mais de décrire, dépeindre,
raconter une vie ordinaire de comédien ordinaire.
Je ne donne aucune connotation péjorative
à ce mot, que je ne prends pas dans le
sens de terne, moyen, médiocre, mais dans
celui de coutumier, régulier, normal. La banalité
en question m'est précieuse. Un autre mot
serait pour moi tentant, s'il n'était source de
malentendu : le beau mot de classique. Plus
exactement, sans porter le moindre jugement
de valeur, sans jouer le désenchantement du
comédien qui commence à en avoir beaucoup
vu, je voudrais montrer l'ordinaire d'une
vie que l'on a coutume de percevoir comme
nécessairement et toujours extraordinaire.
Et j'aimerais évidemment qu'on perçoive le
caractère un peu, parfois, extra-ordinaire de
cet ordinaire.»