Une ferme isolée en Afrique du Sud, au coeur du veld. Un père et sa fille y vivent loin de toute civilisation.
Murée dans sa laideur et sa virginité, Magda ressent à l'égard de son père, autoritaire et morose, une haine amoureuse nourrie de rêveries et de fantasmes.
Lorsque le père met dans son lit la jeune épouse d'Hendrik, le contremaître noir, Magda, en proie à une jalousie délirante, le tue sans tout à fait le vouloir et l'enterre secrètement. Elle tombe alors sous l'emprise d'Hendrik qui la viole et vient la soumettre toutes les nuits, avant de s'enfuir dans la crainte d'être accusé de meurtre. Restée seule, Magda erre dans un étrange pays entre le réel et ses hallucinations. Elle meurt, bras en croix, face au ciel, dans son jardin désertique, hérissé de pierres.
Le verbe illuminé de Magda, d'une force poétique qui emporte tout sur son passage, la torpeur étouffante des jours et des nuits, la violence et la peur au centre de ce huis-clos tragique créent un climat auquel il est difficile d'échapper. C'est celui des relations de maître à esclave, des rapports entre Blancs et Noirs.
Dans ce premier roman, J. M. Coetzee a su, avec une folle assurance et un oeil infaillible, faire d'une histoire d'amour et de vengeance le miroir de l'expérience coloniale.