Droits de l'homme, droits du marché, crimes contre l'humanité,
biens communs... : l'universalisme juridique ne donne
à voir que concepts flous, valeurs conflictuelles ou normes
ineffectives, alors que déjà s'estompe le relativisme des ordres
nationaux. Car la corruption et le terrorisme se globalisent, les
flux financiers et l'information circulent dans un espace virtuel
dont la nature immatérielle brouille la notion de territoire, et
les États sont aux prises avec des risques, biotechnologiques ou
écologiques, devenus planétaires. Les droits nationaux ont
beau résister, ils n'empêchent pas la superposition de normes et
d'institutions inter- et supranationales, régionales et mondiales.
Ainsi se dessinent d'étranges entrecroisements qui illustrent le
grand désordre du monde, sans qu'apparaisse encore l'issue
qui ouvrirait La Voie de la sagesse imaginée par le peintre
Vieira da Silva. Si l'ordre juridique doit s'assembler un jour en
un tableau, c'est à condition d'accepter qu'il se construise
«par petites touches», selon les termes mêmes de l'artiste, qui
s'obstinait à peindre «avec toutes les contradictions». On
pourrait y voir une invitation à observer le droit en voie de
mondialisation tout comme on peut regarder ce tableau : par
fragments.