Vers 1933, dans une petite ville d'Europe centrale, un professeur
de piano assiste de sa fenêtre aux premiers événements de ce
qui pourrait bien être la fin du monde : à l'issue d'un concert, un
fléau meurtrier et invisible, qui entretient un rapport de forces
mystérieux avec la musique, foudroie plusieurs victimes en pleine
rue. La résistance de la population est d'abord conduite par les
autorités et prend successivement des formes contradictoires.
Arrive le moment où l'organisation secrète d'un vieil érudit,
Chamansky, ancien ingénieur en optique devenu luthier, pourrait
parvenir à imposer la musique comme arme suprême pour vaincre
l'ennemi. Mais on voit aussi se dessiner l'absurdité d'une prise du
pouvoir politique par les musiciens. La situation de crise et de drame
collectif révèle au narrateur certaines aberrations dans l'ordre
apparemment réglé de sa vie privée, que hante une jeune femme
prénommée Esther, présence à la fois obsédante et insaisissable.
Toujours vu de sa fenêtre, le début de la fin se répète sous les
yeux du même narrateur à d'autres époques (en 1944 puis dans les
premières années du XXIe siècle), et dans d'autres lieux, alors que la
fiction est rattrapée par l'Histoire avant de prendre à nouveau les
devants, en direction de l'utopie, lorsque le pire n'a d'autre issue
que dans le rire.