De quelle cérémonie s'agit-il ? À quel office assistet-on ? Au rituel immuable d'un supplice ordinaire : la vente d'une propriété familiale, sur l'Île de Noirmoutier, dont la narratrice va devoir à jamais se séparer. Ainsi voit-elle défiler le cortège des futurs acquéreurs, guidés dans leur visite par le zèle affairé d'un agent immobilier. Cette maison de pêcheurs à l'abri du vent, avec son grand jardin, ses pins, son muret de vieilles pierres, la rumeur de la mer toute proche, sera bientôt livrée à ces profanateurs qui ignorent sans doute le meurtre qu'ils s'apprêtent, bien malgré eux, à commettre : tout un monde de souvenirs hantant encore la surface des lieux, des meubles, des lits hier défaits, n'est-il pas ainsi, au détour d'une banale transaction, en passe de disparaître ?
Mais la narratrice ne s'avoue pas vaincue : Chacun de leurs pas sera accompagné, indissociablement, par la sourde présence d'un passé qui déploie encore ses ombres sur la scène intacte de la mémoire. Et Catherine Clémenson de nous inviter, par la magie évocatrice de sa prose sinueuse et sensuelle, à explorer les lacis innombrables de ses réminiscences.