Le narrateur, enfant, croyait que les Champs-Élysées étaient le centre du monde. Des Champs à l’avenue Marceau, et, dans le trop vaste appartement familial, de chambre en chambre, il retrouve ses terreurs, ses premières espérances, en une promenade qui ressemble à un inventaire. « A présent, parfois, au milieu de la nuit, dans un demi-sommeil, je visite et je revisite dans le détail cet appartement où chaque recoin recèle un souvenir mauvais, ou un souvenir trouble. » Au passage se dessine une galerie très bourgeoise de portraits : parents, amis, précepteurs, domestiques, premières amours, mélancoliques et carnavalesques. Mai 68, quelques « maos » ajoutent à cet accrochage des figures qui, en fin de compte, ne déparent guère. C’est plutôt celle de la Mort assise qui inquiète le plus.
« Les souvenir et les oublis sont logés à la même enseigne… Seules comptent les âmes mortes, celles qui me rendent visite à la tombée du jour, quand l’hiver fait la nuit trop précoce. »
La promenade s’interrompt, le récit tire sa révérence au sortir de l’adolescence.
H. C.
Hervé Chayette est né en 1947. Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de lettres classiques, il exerce la profession de commissaire-priseur.