Les thuriféraires de la mondialisation, comme ses détracteurs, focalisent identiquement leurs analyses sur la collusion de l’économie et des nouveaux avatars, téléinformatiques, de la technique. Et, pour dresser leurs bilans – positif ou négatif –, ils scrutent et traquent identiquement les effets du processus dans les mêmes champs multiples et hétérogènes de l’écologie et du droit, de la psychologie et de la sexologie, de la linguistique et de la morale, de la politique et des arts figuratifs…
Mais dans cet inventaire borgésien, un domaine demeure, de part et d’autre, absent : celui de la spatialité, autrement dit, des modalités selon lesquelles les sociétés humaines construisent et vivent leur environnement spatial.
À l’issue d’une série d’articles, écrits au fil des vingt dernières années, sur les figures multiples de la spatialisation et de son histoire (architecture, urbanisme, aménagement, protection du patrimoine), Françoise Choay découvre progressivement un propre de l’homme, « la compétence d’édifier », et les enjeux majeurs dont cette compétence est dépositaire à l’heure de la mondialisation.
Historienne des théories et des formes urbaines et architecturales, Françoise Choay est professeur émérite des universités.