Les hommes ne se contentent pas de parler les langues, ils les
rêvent aussi ; et ces rêves prennent des formes diverses : quête
chimérique d'une langue primitive mythique (la lingua
adamica) ; création utopique d'une langue parfaite, expression
pure de la pensée, ou encore de langues universelles que
parleront les sociétés idéales de l'avenir ; innombrables fictions
proposant des langues imaginaires se situant en des temps
ou des espaces lointains ; fantasmes enfin des spirites et des
sectes fondamentalistes qui croient communiquer avec les
autres mondes ou parler le langage des anges.
C'est de tous ces rêves, dont certains ont tourné au cauchemar,
que Marina Yaguello fait ici l'histoire, rêves qui contredisent
l'Histoire mais s'y intègrent, qui s'opposent à la science mais
la rejoignent aujourd'hui à travers la théorie des universaux
du langage.