Depuis sa création, Israël a connu plusieurs vagues de terrorisme : celle des « fedayins » infiltrés à partir de l’Égypte ou la Jordanie dans les années 50; celle de Septembre Noir dans les années 70 ; celle menée contre des villages au nord d’Israël en 1974 ; celle des années 90 après les accords d’Oslo ; celle de la seconde Intifada, enfin, marquée par une vague d’attentats-suicides sans précédent.
Comment Tsahal – l’armée israélienne – a-t-elle mené sa lutte contre le terrorisme? A-t-elle su gérer ce type de conflit « au sein des populations »? Le bilan, en demi-teinte, ne trouvera grâce ni aux yeux des inconditionnels d’Israël ni à ceux de la cause palestinienne. L’armée israélienne n’a pas choisi la stratégie du pire, celle de la violence extrême, mais elle a commis plusieurs erreurs. Elle n’a pas assimilé les règles implacables de la « guerre asymétrique ». Depuis la création de l’Etat en 1948, elle a privilégié la doctrine de la « riposte disproportionnée », inappropriée à ce type de conflit. Celle-ci a mal rempli sa fonction dissuasive et a entraîné le pays tout entier dans une situation chaque fois plus inextricable.
Mais pourquoi cette persistance ?
Cette enquête s’appuie sur une documentation abondante recueillie en Israël, ainsi que sur de nombreux entretiens effectués auprès d’officiers et de simples soldats, de responsables de haut niveau de la lutte anti-terroriste, d’hommes politiques, de journalistes et de membres d’ONG.
Samy Cohen, directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales (Sciences Po), est spécialiste des questions de politique étrangère et de défense. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages et de nombreux articles parus dans des revues spécialisées, notamment anglo-saxonnes.