Si ce livre peut être considéré comme un roman, c'est dans la
mesure où toute initiation, toute expérience formatrice, entre en
dialogue avec l'imagination dès le moment vécu, puis dans le souvenir
et tout au long de l'existence.
Dans ce récit strictement autobiographique, tout l'effort consiste
à retrouver et à restituer avec leurs composantes contradictoires les
circonstances, l'état d'esprit, les états de corps, les sentiments, les
sensations, les pulsions, d'une aventure amoureuse et sexuelle qui
est celle de la première fois. Cela se passe à Londres en juillet 1957,
alors que l'auteur, âgé de treize ans, séjourne dans une famille pour
apprendre la langue anglaise. Pendant quelques jours, cohabitent
violemment dans le même être le désir érotique pour une jeune fille
de sept ans son aînée, et la volonté farouche de rester un petit
garçon en culottes courtes, attaché à son univers d'enfance.
Alain Fleischer interroge le mystère d'une relation et d'événements
dont la force a déposé une empreinte d'une précision insoupçonnée,
que seule l'écriture, dans sa fonction archéologique, permet de faire
émerger des sables de la mémoire.