Rien ne rassemble Deleuze, Duras et Debord sinon d’avoir été contemporains, d’avoir vécu en même temps les années de l’après-guerre, l’existentialisme, les guerres coloniales, la chute du mur de Berlin, l’écroulement des certitudes justes. Et une nécessité commune à dire les choses, une faculté à élucider le poids du monde par les mots. Trois parleurs émérites, trois solitaires avec leurs bandes, leurs réseaux de fidèles. Trois insoumis qui se défiaient de toute idée de système, de tout enclos de la pensée.
Le rapport aux images est fondamental pour relire l’ensemble de leur œuvre. Debord les étrille, Deleuze les étudie, Duras s’y essaie.
La lucidité exige son prix. Malgré leur force et leur courage, le penseur politique et le philosophe ont décidé de mettre fin à leurs jours, l’écrivain et cinéaste a utilisé quant à elle une mèche longue. Que cela nous serve de leçon n’est pas sûr. En tout cas, c’est un emblème des temps que nous vivons. Endurance et suffocation contre laxisme et silence.
Emmanuel Loi, né en 1950 vit à Marseille. Il est auteur d'une quinzaine de livres, dont La Vie périmée (Éditions 1, 2000), Les Mains en l'air (Léo Scheer, 2002) et Peine capitale (Flammarion, 2003).