Porté à la vie par le souffle de Mai 68, Libération partage avec la gauche française la plupart des ses contradictions. Entre nostalagie de la révolution et deuil des idéologies, le destin et les tourments actuels du quotidien forment un résumé de ces quarante dernières années. Fidèle autant qu'infidèle, il est à la fois le journal qui perpétue le souvenir de la révolte et celui qui a enterré les espoirs. Si son « style » est un hommage constant aux événements qui l'ont vu naître, c'est au prix d'un renoncement qui n'a pas dit son nom et qui revient hanter sa conscience aujourd'hui. Comment en finir avec les fantômes?
Eric Aeschimann, 43 ans, est journaliste à Libération depuis 1990.