« Je suis innocent ! Moi, Ximen Nao, j’ai vécu trente ans dans le monde des humains, j’ai aimé travailler, je me suis montré diligent et économe dans la tenue de ma maison, j’ai donné pour la construction de ponts et de routes. [...] Chaque pauvre de ce canton a pu se nourrir grâce aux aumônes en grains que je lui ai faites. [...] Pourtant [et là, je m’égosille] moi, un homme si bon, si droit, un si brave homme, voilà qu’ils m’ont ligoté serré, m’ont poussé jusque sur le pont et m’ont fusillé ! … »
Mo Yan
Selon la dure loi du karma, Ximen Nao est condamné à être réincarné en animal. Il sera âne, bœuf, cochon, chien, enfin singe, il revient sans cesse sur ses propres traces et auprès de ses descendants, partageant leur quotidien. Témoin discret et acteur décalé, comique et déguisé, il suit, cinquante ans durant, de la « libération » maoïste à notre époque marchande actuelle en passant par la Révolution culturelle, le destin d'une communauté de paysans.
Et justement, dans le village vit aussi un petit drôle, un sale gosse mal élevé, chétif et laid, emmerdeur et terriblement bavard : Mo Yan.
Mo Yan
Mo Yan, né dans le Shangdong en 1955, a reçu le prix Nobel de littérature en 2012. Une douzaine de ses romans et nouvelles sont traduits en français et publiés au Seuil dont Beaux seins, belles fesses (2004), Le Maître a de plus en plus d’humour (2005), Le Supplice du santal (2006), Quarante et un coups de canon (2008), Grenouilles (2011) et Le Veau suivi de Le Coureur de fond (2012).