Évaluer l’importance d’une fraude financière est possible. Cependant, comment prendre la mesure d’un presque mensonge, de la mauvaise foi ? Par exemple dans l’industrie pharmaceutique ou dans les imbrications écolo-scientifico-idéologiques. Et comment arbitrer des manigances politiques, apprécier les supercheries de certains professionnels de la communication ?
Henri Atlan, membre du Comité Consultatif National d’Éthique à sa création, choisit de nous éclairer à l’aide du concept d’onaa qui désigne en hébreu à la fois la fraude, dans les transactions financières, et la blessure verbale infligée par des paroles.
Le monde de l’onaa est celui de l’entre-deux : on ne rêve plus ici de Platon, d’une vérité absolue, totale. À l’idéal d’une impossible pureté on substitue la conception d’une réalité plausible, imposant les limites de la loi pour imposer un moindre mal.
Le monde de l’onaa est celui du presque vol, du quasi-mensonge. Nous sommes ici dans un univers de pratiques qui ne croit pas à la pureté d’une solidarité fusionnelle, garantie par la présence d’un dieu.
Aujourd’hui, il semble qu’aucun discours, pas même l’usage d’énoncés scientifiques, n’est à l’abri de dérapages frauduleux, volontaires ou involontaires. En temps de crise financière et morale, qui fragilise les démocraties, Henri Atlan éclaire des textes quelquefois anciens pour repenser le statut de la fraude dans notre monde contemporain.
Biologiste et philosophe, Henri Atlan a publié dans la même collection notamment : Tout, non, peut-être. Éducation et vérité (1991), Les Étincelles de hasard I et II (1999 et 2003), L’Utérus artificiel (2005).