Peut-on tout acheter ? Une société de l’échange-roi va implicitement, dans la vie la plus quotidienne, en ce sens. Mais quel sens, pour la vie de l’homme, dans cette omniprésence de l’argent ?
Pour aborder une question si grave et si banale – l’homme et l’argent –, l’auteur, psychanalyste, n’a pas craint de prendre des risques, celui de parler du « salut » d’une famille en grande difficulté et celui de la « guérison » d’une petite fille. Avoir et mettre en œuvre tous les moyens de « sauver » et de « guérir » : c’est cela que l’homme demande à l’argent qu’il possède et au système de valeurs qu’il acquiert ou qu’il achète. L’argent qui peut tout acquérir…, voilà qui lui confère un « caractère sacré » et fait de lui une idole pour obtenir ce don de Dieu qu’est la vie dans le vivant. Comme si l’homme pouvait se donner à lui-même les moyens de se faire vivre ou de mériter la vie. Et cela, en dotant son image d’une plus-value imaginaire, idéalement calculée pour se substituer au manque à être, à cette pauvreté essentielle qui suscite et accueille le désir de l’Autre : le présent d’une présence qui se manifeste gratuitement en lui comme en tous, maintenant et de générations en générations. L’énigme de l’homme est que la vie qui est sienne lui est donnée dans et par l’Autre du désir et se donne en lui aux autres. Et ce don de la vie se révèle en lui quand il répond en son nom de ce qu’il est, non de ce qu’il vaut.
L’auteur pose la question décisive : « Qu’est-ce qu’un homme ? » Un « vivant de désir » – mais d’un désir qui ne saurait jamais être satisfait.
Denis Vasse, psychanalyste, est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le temps du désir (1969 et 1997), Le poids du réel, la souffrance (1983 et 2008), La souffrance sans jouissance ou le martyre de l’amour (1998 et 2008), La vie et les vivants (2001), La grande menace (2004), Né de l’homme et de la femme, l’enfant. Chronique d’une structure Dolto (2006), tous publiés aux Éditions du Seuil.