Le chagrin d’amour naît de multiples causes, mais fait toujours irruption comme une condamnation sans appel. Certains, comme Werther, n’y survivent pas. D’autres l’endurent, taciturnes ou ressassant leur plainte, seuls ou entourés. Tous cependant font figure de héros, car ils se confrontent au plus profond des cataclysmes : la perte d’amour. Surmonter ce désastre, c’est faire un pas de plus dans la condition humaine, c’est, tel Orphée, revenir des enfers en laissant l’être aimé derrière soi. Toutefois, il y a toujours dans l’amour une part de tromperie. On aime dans l’autre une image idéalisée, miroir de nos désirs. Alors le chagrin décille. Moment de vérité, il ouvre à la connaissance de soi. Il peut même nous révéler une chose essentielle : cette faille en chacun qui fait qu’on n’est jamais tout pour l’autre.
À partir des plus célèbres chagrins amoureux de la littérature et de son expérience clinique, Patrick Avrane met en scène la dynamique de ce drame humain. Il nous montre dans un texte vivant que si la perte d’un être aimé ne peut être oubliée, le chagrin d’amour, lui, se traverse.
Patrick Avrane est psychanalyste. Il a notamment publié : Un enfant chez le psychanalyste (Louis Audibert, 2003 ; Seuil, Points Essais, 2007), Les Timides (Seuil, 2007), Les Imposteurs. Tromper son monde, se tromper soi-même (Seuil, 2009).