L’œuvre de TAHAR BEN JELLOUN, peuplée d’errants de toutes sortes, peut se lire comme une vaste quête initiatique. Elle touche des publics universels : un éclat dont il faut rechercher l’origine dans une forme romanesque héritée de la littérature arabe classique, mais au fond tout à fait singulière. Ici, les charmes et les embuscades du conte à l’orientale conduisent le lecteur vers des contrées dont il ne soupçonne guère le danger. Enfance saccagée, folie et sagesse, désir et cruauté, malentendu de l’homme et de la femme. Un seul sujet : la violence de la vie.
Ce recueil rassemble cinq romans importants, dont l’unité est évidente. Cinq histoires où il sera question d’un enfant mal né, ballotté, nié dans son corps. Jamais d’enfance heureuse.
Le premier d’entre eux est retrouvé abandonné au milieu des tombes du cimetière de Fès, dans La Prière de l’absent. Cette découverte conduira deux vagabonds sur les traces d’un héros de la résistance marocaine.
Dans L’Enfant de sable, un père de famille vit dans la honte de ne pas avoir d’héritier mâle, et décide que le prochain, quel qu’il soit, s’appellera Ahmed. L’enfant naît : c’est une fille. Qu’importe, elle sera élevée dans l’ignorance de son propre sexe.
Nous la retrouvons dans La Nuit sacrée. C’est désormais une vieille dame. Elle aura dû attendre ses vingt ans pour que son père la reconnaisse comme femme.
Avec Les Yeux baissés, une autre jeune fille doit s'arracher à la sécurité de son village pour suivre sa famille à Paris.
Quant à Zina, l’héroïne de La Nuit de l’erreur, sa seule faute est d’avoir été conçue la nuit où mourait son grand-père. Frappée par le sort, elle se vengera des hommes par une séduction empoisonnée.