La figure de l’écrivain telle que l’imagine Antoine Volodine. Ni alcoolique génial ni géant hugolien, ni romantique torturé, et encore moins sommité mondaine adulée par les médias. L’écrivain ici se débat contre le silence et la maladie, quand il n’est pas sur le point d’être assassiné par des fous ou des codétenus. Qu’il soit homme ou femme, il sait qu’il n’a aucun avenir. Souvent, il est analphabète, comme Kouriline, qui évoque oralement la terreur stalinienne en s’inclinant devant des poupées en ferraille. Il peut aussi lui arriver d’être déjà mort, comme Maria Trois-Cent-Treize, qui fait une conférence sur l’écriture dans l’obscurité totale qui suit son décès. Ou d’être en transe, comme Linda Woo, qui depuis sa cellule donne elle-même une définition des écrivains : « Leur mémoire est devenue un recueil de rêves. Ils inventent des mondes où l’échec est aussi systématique et cuisant que dans ce que vous appelez le monde réel. »