Ce soir-là, au Caire, Dina reçoit. Une petite société cosmopolite se presse dans l’ancienne maison de son beau-père, Georges bey Batrakani, qui fut le roi du tarbouche. L’Égypte, en pleine effervescence sociale et religieuse, a beaucoup changé depuis les années 1960. La plupart des membres de la famille Batrakani, dispersés aux quatre coins du monde, n’y sont jamais revenus, préférant vivre avec leurs souvenirs. Ce n’est pas le cas de Charles, le narrateur, qui, après une longue période d’amnésie volontaire, séjourne régulièrement au Caire. « Notre monde a disparu, constate-t-il, et je continue pourtant à guetter les battements de son cœur et ses sourires. »
Mais pourquoi revient-il en Égypte une deuxième fois cette année, « avec un faux passeport » ? Il est confronté à Dina, qui le subjuguait naguère ; à Negm El-Wardani, le séducteur à la hussarde ; à Josselin, l’égyptologue français en chasse de vestiges et de mécènes ; à Yassa, le chauffeur copte, qui a toujours un mot pour adoucir les malheurs de l’existence… Au milieu de la soirée, apparaît une jeune femme, Amira, et un voile se déchire. Le présent aurait-il autant de force que le paradis perdu ?
Robert Solé, né en Égypte, est arrivé en France à l’âge de 18 ans. Il a publié plusieurs essais sur son pays d’origine, ainsi que quatre romans aux Éditions du Seuil : Le Tarbouche, Le Sémaphore d’Alexandrie, La Mamelouka et Mazag.