Le jeune narrateur de La Mort de l’adversaire (roman commencé en 1942, achevé après la guerre, publié en 1959 et récemment redécouvert en Allemagne et aux États-Unis, à l’occasion du centenaire de l’auteur) décrit sur le mode métaphorique – sans jamais employer les mots « nazi » ou « juif » – la puissante ascension d’Hitler, la souffrance d’un enfant juif et de ses proches devant la haine dont ils sont l’objet, la trahison des êtres aimés. Ôtant toute allusion directe aux événements historiques, l’auteur nous offre un récit allégorique, à portée universelle, sur le fléau nazi. Ainsi, Hitler est ici le mystérieux Monsieur B. Sur un ton sans affect, le narrateur anonyme analyse la dépendance qui existe entre persécuteur et persécuté et tente de comprendre la mystérieuse fascination qu’exerce le bourreau charismatique sur les foules.
« Tout le monde devrait inclure Hans Keilson sur sa propre liste des plus grands écrivains », Francine Prose, New York Times.
Hans Keilson, pédopsychiatre et écrivain né en Allemagne en 1909, a fui les persécutions nazies en s’exilant au Pays-Bas en 1936. Pendant la Seconde Guerre mondiale, entré dans la résistance hollandaise, il a aidé des enfants juifs cachés, traumatisés par la perte de leur famille. Hans Keilson est mort le 31 mai 2011. Il avait cent un ans.
Traduit de l’allemand par Dominique Santoni