Ma mère m’avait raconté l’anecdote alors que je n’étais qu’un enfant. Son grand-oncle Paul Gény, philosophe jésuite, avait été assassiné à Rome en 1925 par un fou. L’histoire avait sombré dans l’oubli. Mais en 2010, la mort de cet oncle a ressurgi. Au bénéfice d’un séjour à la Villa Médicis, je suis parti à Rome en quête de cet ancêtre au point de l’incarner. Là-bas, dans les rues, dans les archives, dans les palais, à force d’errer, j’ai retrouvé le philosophe et son assassin. L’inconnu s’appelait Bambino, l’enfant. Et, au coin d’une place, j’ai croisé un autre personnage, plus obscur encore, plus proche, plus inquiétant aussi. J’ai quitté l’aïeul et j’ai suivi ces deux-là. Ils m’ont emmené loin, à l’autre bout de la ville, dans l’autre pays.
Ph. A.