En 1984, le sida entre tragiquement dans la vie de Daniel Defert avec la mort de Michel Foucault. En hommage à celui qui fut son compagnon de vie pendant près de vingt-cinq ans, le sociologue crée Aides, la première association française de lutte contre le sida, dont l’action sera déterminante dans la gestion de l’épidémie. En plaçant le malade au centre, Aides redéfinit la façon de penser la santé publique et convoque la sexualité, l’affect et l’intime au cœur de la lutte. Une nouvelle forme de militantisme voit le jour, dont Daniel Defert est l’un des artisans.
Mais cette histoire s’inscrit dans la continuité d’une vie d’engagement : le combat en faveur de la décolonisation, Mai 68 et l’aventure de la Gauche prolétarienne, la création avec Foucault du Groupe d’information sur les prisons (GIP)… À chaque fois, Daniel Defert s’attache à partir des besoins et de la parole des premiers concernés, qu’ils soient ouvriers, détenus, homosexuels, usagers de drogues ou porteurs du VIH.
Sous la forme d’un entretien accordé par l’auteur à Philippe Artières et Éric Favereau et d’une sélection de textes d’intervention, ce livre restitue le parcours d’un intellectuel qui a pris part aux grandes mutations sociales et politiques de la seconde moitié du XXe siècle et qui a su mettre ses expériences antérieures au service de la lutte contre le sida.
Agrégé de philosophie et sociologue, Daniel Defert a fondé et longtemps présidé Aides. Auteur de nombreux articles, il a coédité les Dits et écrits de Michel Foucault (1994) et édité ses Leçons sur la volonté de savoir (2011).