Venu du golfe de Guinée et transitant par le Canada, le jeune Sambo transporte dans une boîte les « restes » de sa tante Rose (en fait, ses cheveux et ses ongles) que la défunte lui a demandé d’ensevelir à la Nouvelle-Orléans, terre de ses ancêtres. Rose était une vieille femme un peu givrée qui vivait à Lomé dans ses hallucinations et attendait en vain l’arrivée d’un bateau mythique, le Butterfly. Le roman commence à un arrêt d’autobus de la banlieue d’Ottawa, lorsque Sambo est abordé par Louise, une jeune Acadienne intriguée par sa précieuse boîte dont il hésite à révéler le contenu. En récits alternés, les deux jeunes gens se révéleront l’un à l’autre, aimantés par la similitude de leurs malheurs. Louise se rend à New York où elle veut entamer une carrière de danseuse. Elle est issue d’un viol : c’est cela qu’elle désire danser et mimer sur les trottoirs de Broadway. A la fin, après une longue scène d’amour d’une grande beauté, dans laquelle les caresses échangées font surgir les fantômes de chacun, Louise décide d’accompagner Sambo jusqu’au terme de son voyage, à la Nouvelle-Orléans.
Edem Awumey est parvenu à un équilibre difficile entre la précision naturaliste et le fil métaphorique. Très touchants, Sambo et Louise sont deux êtres qui vivent dans le sentiment d’un tribut à payer pour redonner un sens au chaos du monde. Livre inspiré, lancinant, habité par un souffle puissant.