« En plus de trente ans de vie d’Israélienne, je n’ai pas rencontré Dieu. Je n’ai pas non plus désiré le Messie. Je suis restée effrayée par le désert et je n’ai jamais pu m’habituer à la guerre. Quant aux idéologies, je n’en ai partagé aucune. La moustache de Staline m’avait suffi, même quand elle s’est transformée en habits de Mao pour les uns, ou en apologie de nos patriarches et de leur descendance pour les autres. »
D. K.
C’est sur ce ton, et à ce rythme, que Danièle Kriegel, aujourd’hui journaliste, mène son récit. Fille de la célèbre Annie Kriegel, elle raconte son enfance – « ma mère et moi, on s’est raté » –, une jeunesse en décalage, la découverte d’un pays, Israël, dont elle refuse certains codes tout en l’aimant éperdument, et sur lequel elle exerce son regard acéré de commentateur politique. Autant de paradoxes que son écriture pleine de surprises nous fait vivre comme de vrais bonheurs de lecture et de touchantes pudeurs.