Les arguments avancés sont étrangement similaires à ceux qu’on entend en Europe depuis les années 2000. Partout, on parlemente sur la taille des nouvelles mosquées que les musulmans du quartier veulent construire, on s’interroge sur le contenu des prêches, des familles se mobilisent pour interdire la circoncision au nom des droits des enfants, on discute du droit des femmes musulmanes à porter un foulard sur leur lieu de travail ou à l’école, on proteste contre les revendications d’un jour de congé officiel à l’école le jour de l’Aid, des clients s’insurgent contre une chaîne de supermarché bio qui veut vendre des produits halal. Tous ces débats paraissent étrangement familiers…
Qu’est-il donc arrivé aux Américains ? Comment se fait-il qu’ils se mettent à discuter de l’islam à peu près selon les mêmes termes que les Européens ? C’est la question de ce livre : pourquoi l’islam est-il devenu, pour une partie importante du public américain, non plus simplement un problème de sécurité ou de politique étrangère mais un véritable problème de politique intérieure ? Et dans quelle mesure ces polémiques expriment-t-elles, au-delà d’un problème d’islam, une contestation plus profonde d’une certaine conception de la démocratie libérale et séculière ?