Dans un futur proche, des militaires français sont envoyés dans l’Est africain, en plein désert. Dans quel but ? Officiellement, pour protéger le chantier de reconstruction d’un pont. Une « mission d’interposition », pour reprendre les termes de l’état-major. S’interposer, d’accord, mais entre qui et qui ? Mystère.
Face à la ville d’Al-Jannah, à moitié en ruine, les hommes du colonel Rivelain (dont l’inoubliable lieutenant Devarrieux, Sammy le fan de Dylan, Kevin 1 et Kevin 2, car des beaufs, il en faut) montent un camp. Sous un soleil de plomb, l’attente s’installe, pénible, épuisante. Lumière aveuglante, soif continuelle, chaleur suffocante, la troupe s’enfonce dans une sorte de mirage collectif et suicidaire… dont l’extrait soudain un redoutable sniper. Son objectif ? Tuer un soldat par jour. Parfois deux, si l’occasion se présente. Pour quelle revanche ? Mystère encore.
Jusqu’à ce que, au terme de plusieurs semaines d’angoisse et de mort, la raison de la présence française se dévoile soudain, pour le plus grand malheur des militaires.
Après le brillant et cocasse Cul des anges (Seuil, 2010, et Points, 2011), ce nouveau roman noir de Benjamin Legrand démonte les enjeux des guerres du futur. On pense au Désert des Tartares, à Philip K. Dick et à Jodorowsky, mais aussi aux guerres d’Irak et d’Afghanistan. Comme le chantait Bob Dylan, “We’re living in a political world, love don’t have any place. We’re living in times where men commit crimes, and crime don’t have a face.”