Comment sortir de la peur de mourir sans tuer ? Voilà l’affaire humaine ! […]
Dieu mort, nous ne pouvons plus mourir de la même façon. Son amour, sa consolation, sa protection, son éternité ne nous soutiennent plus, ne nous sauvent plus. […]
Comment énoncer la mort de Dieu sans s’entendre murmurer qu’il est encore en vie ?
Comment vivre cette solitude mortelle dans la chambre close de l’univers sans se ménager une porte dérobée ? Comment vivre cette solitude humaine sans Dieu, l’accepter vraiment, y reconnaître enfin notre condition sans faire appel à de nouveaux « dieux », de nouveaux doubles, de nouvelles étreintes d’éternité ? […] N’y a-t-il pas une joie humaine, si humaine, à être à plusieurs, à se rencontrer, à échanger, à être en relation, à converser ? N’est-ce pas cette joie qui me fait oublier ma mort et me dit que la vie vaut la peine d’être vécue ? Oui, c’est ce que je sens, je pense mais soudain ce sentiment, cette pensée s’effondrent.
Que répondre à la question de Franz Kafka, à la modeste question, si humaine question qu’il nota dans son journal le 19 octobre 1917 : « Est-il possible de penser quelque chose d’inconsolable ? Ou plutôt quelque chose d’inconsolable sans l’ombre d’une consolation ? »
Je ne veux pas ressusciter un Dieu mort ni le ressusciter en un "Dieu absent" mais descendre en moi-même pour entendre la modeste question de Kafka.
L. D.
Avec son frère Jean-Pierre, Luc Dardenne a obtenu deux fois la Palme d’or au Festival de Cannes : en 1999, pour Rosetta : en 2005, pour L’Enfant. On a pu lire dans « La Librairie du XXIe siècle » Au dos de nos images (2005 et « Points Essais », n° 601).
Les frères Dardenne ont obtenu le Grand Prix du Jury à Cannes (2011) pour Le Gamin au vélo.