Soixante-six ans après sa première publication et au moment du cinquantenaire de la signature des accords d’Évian, les Éditions du Seuil rééditent Les Hauteurs de la ville d’Emmanuel Roblès. Voici ce qu’il en disait lui-même, en 1960 :
« À l’époque où il fut écrit, c’est-à-dire dans les années 1946-47, ce récit avait le dessein de témoigner sur un aspect du désarroi qui tourmentait alors de jeunes Algériens. Six ans à peine après la publication des Hauteurs de la ville, l’Algérie prenait son visage de guerre. Par milliers, des Smaïl, décidés à conquérir leur dignité, ont surgi du fond de leur nuit, la torche au poing. À leur cri ont répondu, dans l’autre camp, des Montserrat qui, pour avoir douté de la légitimité du combat dans lequel la France les engageait, expient dans les prisons de Casabianda ou de Constantine.
Si j’ai réuni, ici, Smaïl et Montserrat, c’est qu’ils sont, à mes yeux, sortis tout brûlants d’un unique foyer : celui où la conscience de l’homme forge sa résistance à la plus grande défaite qui la menace et qui est sa négation même. »