Le climat se détraque, des trombes d’eau se déversent sans fin dans le ciel californien, des ouragans s’abattent en Louisiane et font dégorger les bayous de macchabées. Les étudiants ont une fâcheuse tendance à noyer leur ennui jusqu’à plus soif dans des fêtes décadentes, les adultes sont pris de méchanceté, les enfants organisés en bandes cultivent la désobéissance et l’anarchisme, captent des ondes radio d’un ailleurs étrangement beau et fabriquent des grenades au sodium. D’autres, entre deux âges, pas tout à fait remis des éblouissements de l’enfance, entendent des symphonies dans le bruissement du vent, se frottent à la mort d’un peu trop près et, pour les plus chanceux, découvrent des mondes souterrains sous les décharges publiques.
Composé de cinq nouvelles publiées entre 1959 et 1964, ce recueil, préfacé par Thomas Pynchon lui-même, est une parfaite façon d’entrer dans l’œuvre du mystérieux écrivain américain. Ses grands thèmes y sont déjà présents : la cohabitation des espaces visibles et invisibles avec leurs lieux de passages bizarres, les théories scientifiques qui permettront d’expliquer peut-être le fonctionnement chaotique du monde, l’absurdité des situations sur fond de session musicale improvisée.