Du côté de la place Pigalle, on l’appelle M. Fernand. Figure pittoresque du quartier, avec son manteau en peau de singe et sa Rolls blanche un peu défraîchie, il a connu son heure de gloire du temps où il vendait de faux tableaux à des collectionneurs américains. Mais à la fin des années soixante-dix, c’est plutôt la dégringolade : M. Fernand est fauché, et il n’y a plus que les habitants un peu bohèmes du 11 Boulevard de Clichy pour être encore séduits par les récits enjolivés de son passé - enfin, jusqu’au jour où ils ne supportent plus ses éclats et ses indélicatesses. Les affaires semblent reprendre quand on le charge de trouver un faux Dufy pour un caïd corse, mais les temps ont changé : tous les faussaires sont partis au Brésil ! M. Fernand terminera son parcours, troué de dix-sept coups de pic à glace, dans la poubelle d’une boîte de nuit des Champs-Elysées. Et la police n’aura que l’embarras du choix, parmi son entourage plus ou moins recommandable, pour déterminer qui est le coupable.
Polar d’atmosphère à paillettes — celles de Pigalle, un peu fanées —, insolent et hautement divertissant, La Chute de M. Fernand doit son charme à un humour acidulé et nonchalant.
Louis Sanders a été éditeur en France et enseignant en Angleterre. Il est l’auteur d’un essai, La Plaisanterie métaphysique ou l’Angleterre pervertie (Lattès), de « petits noirs » pour la jeunesse et de plusieurs polars dont Passe-temps pour les âmes ignobles (Rivages), Grand Prix du roman noir du Festival du film de Cognac. Il vit du côté de Périgueux et se passionne pour son activité bénévole de sapeur-pompier.