Nous sommes, depuis la crise financière, confrontés à cette évidence : avec la décomposition du capitalisme industriel, toutes les institutions sociales, la famille, l’école, la ville, les systèmes de protection et de contrôle social, l’entreprise, la politique elle-même perdent leur sens. Que se passe-t-il pour que les piliers de nos sociétés démocratiques se dérobent ainsi quand la globalisation du monde appellerait leur renforcement ?
Loin de céder à la peur du chaos qui accompagne et accélère le déclin, cet ouvrage s’efforce d’unir le récit d’une fin et l’annonce d’un commencement : celui d’un autre type de vie collective et individuelle fondé sur la défense des droits humains universels contre toutes les logiques d’intérêt et de pouvoir. À travers leurs revendications éthiques, les militants du Printemps arabe ou d’Occupy Wall Street, les indignados de la Puerta del Sol, les nouveaux dissidents chinois, les étudiants chiliens ou, plus généralement, le mouvement des femmes et des minorités sexuelles comme l’écologie politique fraient les voies de l’ère post-sociale et post-historique dans laquelle nous entrons.
À charge pour nous d’apprendre à quelles conditions le sujet de droits que chacun peut invoquer est susceptible de se faire l’acteur d’expériences entièrement nouvelles, où le capitalisme financier, devenu sauvage aujourd’hui, pourrait être à nouveau contrôlé.
Sociologue de renommée internationale, Alain Touraine a publié en un demi-siècle de carrière une quarantaine de livres. La Fin des sociétés marque le couronnement théorique de son œuvre.