Prenant, en philosophe, le contre-pied d’une approche qui réduit la notion de « représentation » à sa dimension juridico-politique, Myriam Revault d’Allonnes revient à ses deux sources originelles : la peinture et le théâtre. Elle interroge la façon dont, jusqu’à aujourd’hui, ces inspirations divergentes travaillent souterrainement les débats autour de la représentation politique, de ses manques ou de son inadéquation.
Au terme de l’exploration, surprise : il apparaît que les troubles de la représentation politique moderne sont liés à la nature même de notre être-en-commun. Car ce qui désormais fait lien ne peut se donner que de manière paradoxale, dans la non-coïncidence à soi et l’épreuve de la séparation. C’est donc une illusion de penser que la représentation est susceptible de « figurer » la réalité de manière transparente ou adéquate. D’autres voies s’offrent toutefois aux citoyens pour se représenter et porter au jour les capacités qui redessinent la nature du lien représentatif – autant de nouvelles perspectives qui inscrivent la représentation sous le signe de la re-figuration au lieu de la renvoyer à l’impossible figuration d’un commun qui, sans cesse, se dérobe.
Myriam Revault d’Allonnes est philosophe, professeur émérite des universités à l’École pratique des hautes études et chercheur associé au CEVIPOF. Elle a notamment publié, au Seuil, Le Pouvoir des commencements. Essai sur l’autorité (2006), L’Homme compassionnel (2008), Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie (2010) et La Crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps (2012).