Nos sociétés ont fait du bonheur une idée neuve, un principe constitutionnel, presque un devoir. Le bonheur de l’individu est devenu l’objectif suprême des choix politiques. Mais peut-on mesurer quelque chose d’aussi subjectif et impalpable que le bonheur ? Depuis une trentaine d’années, les économistes ont tenté de relever ce défi. Ils ont fait le pari de mesurer le bonheur tel qu’il est ressenti et déclaré par les individus eux-mêmes. Leur enquête concerne plus particulièrement le rôle de la richesse. L’argent fait-il le bonheur ? La croissance rend-elle les gens plus heureux ? Dans le cas contraire, faut-il opter pour la décroissance ou, du moins, mesurer le bien-être au-delà du PIB ? Ce passionnant champ de recherches permet de comprendre pourquoi la France, pays objectivement riche, souffre d’un tel « déficit de bonheur ».
Claudia Senik est professeur à l’université Paris-Sorbonne et à l’École d’économie de Paris. Auteur de nombreux articles de référence, elle est l’une des spécialistes internationales de l’économie du bien-être et de l’économie comportementale.