Le territoire de la philosophie serait divisé par une frontière infranchissable entre modèles analytique et continental. S’élevant contre cette idée reçue, cet essai met en lumière le socle commun de la philosophie des trente dernières années : pour sortir du « dispositif de la perspective » où le sujet était spectateur du monde, les philosophes contemporains ont conçu un sujet à ce point immergé dans le monde qu’il n’en est plus que le reflet ou l’effet. Cette solution a un nom : le réalisme, unanimement revendiqué aujourd’hui, de l’actuelle phénoménologie aux disciples de Wittgenstein en passant par les nouvelles métaphysiques. Cette solution ne serait-elle pas devenue un simple lieu commun ?
Ce panorama critique de la philosophie contemporaine montre les écueils et l’impossibilité de ce réalisme partagé, dont il soumet les multiples expressions à une analyse serrée et limpide. Comment dépasser ensuite les apories du réalisme sans retomber dans le modèle du face-à-face entre l’homme et le monde ? La réponse suppose une réflexion sur la possibilité même de la philosophie aujourd’hui. Au lieu commun réaliste de la philosophie contemporaine, l'auteur objecte le « lieu de l’universel ».
Isabelle Thomas-Fogiel est full professor à l’université d’Ottawa et détachée de l’université Paris-I. Elle est notamment l’auteur de Critique de la représentation (Vrin, 2000), Fichte. Réflexion et argumentation (Vrin, 2004), Référence et auto-référence (Vrin, 2005), Le Concept et le Lieu (Cerf, 2008), The Death of philosophy (Columbia University Press, 2011).