Jean Sénac, fils bâtard d’une modiste espagnole et d’un coiffeur français, est né en 1926 à Béni-Saf, port minier algérien. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, il se lie à de nombreux écrivains. C’est à Albert Camus qu’il doit sa première publication, Poèmes, dans la collection «Espoir» chez Gallimard, avec une préface de René Char. Entre 1954 et 1962, Jean Sénac s’installe en France, mais participe à la lutte du peuple algérien. Quand il retourne en Algérie, il prend des fonctions officielles dans l’Union des écrivains. Son homosexualité affichée, sa critique d’une nouvelle nomenklatura ne plaisent pas. Dans la nuit du 29 au 30 août 1973, il est poignardé dans le taudis où il vivait.
Bernard Mazo a mené une longue enquête sur les traces du poète dont l’œuvre subversive est inséparable de sa critique de la société coloniale. Mêlant l’intime au politique, il retrace en profondeur les étapes historiques de l'indépendance algérienne. Les rencontres et amitiés littéraires de Jean Sénac (outre Albert Camus et René Char, Kateb Yacine, Mouloud Feraoun, Emmanuel Roblès, Mohammed Dib) resurgissent au fil des pages, ressuscitant un destin écartelé entre deux communautés qui auront rejeté Sénac pour son intransigeance politique et sa sexualité. Avec le temps, l'oeuvre poétique qu'il a laissée apparaît comme l'expression d'une voix majeure de l'Algérie.
Avant-propos de René de Ceccatty
Préface de Hamid Nacer-Khodja