Une « voix qui crie dans le désert : Rendez droites les voies du Seigneur » (Mt 3,3), tel fut Léon Bloy (1846-1917), qui ne cessa, entre la défaite de 1870 et la Première Guerre mondiale, de clamer la gloire du Christ pauvre et de harceler sans trêve la médiocrité convenue de la société bourgeoise, ses élites et sa culture. Catholique absolu, disciple de Barbey d’Aurevilly, frère spirituel d’Hello et de Huysmans, dévot de la Notre-Dame en larmes apparue à La Salette, hanté par la Fin des temps et l’avènement de l’Esprit saint, Léon Bloy, écrivain et pamphlétaire, théologien de l’histoire, fut un paria des Lettres, un « mystique de la douleur » et le plus furieux invocateur de la justice au cœur d’une époque dont il dénonça la misère sociale, l’hypocrisie bien-pensante et l’antisémitisme. Bloy ou le feu roulant de la charité, une voix plus que présente – nécessaire.
François Angelier
Producteur à France Culture (« Mauvais Genres ») et chroniqueur au Monde, il a publié des ouvrages sur saint François de Sales, Paul Claudel, Jules Verne et prépare une biographie de Louis Massignon.