Le sujet de ce livre est la vie psychologique et affective des Américains et des Britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale; les rationalisations et euphémismes dont ils eurent besoin pour affronter l'insoutenable réalité des années 1939-1945; la frustration du désir, enfin, exceptionnellement intense en ce temps de guerre, et quelques-uns des moyens dont ils usèrent pour l'assouvir. Les dégâts de la guerre sur les corps et les villes, sur les avions, les chars et les croiseurs sont clairs. Moins évidents sont ceux qu'elle a causés à l'intelligence, au discernement, à l'honnêteté, à l'individualité, à la complexité, à l'ambiguïté à l'ironie, pour ne rien dire de l'intimité et de l'humour. Depuis cinquante ans, la guerre côté Alliés a été aseptisée et poétisée, à en devenir presque méconnaissable, par les sentimentaux, les patriotes à tout crin, les ignorants et les amateurs de chair fraîche. J'ai tenté d'équilibrer la balance.