On sait que certains types de phrases ne sont apparus qu’avec l’émergence, à partir du XVIIe siècle, des récits narratifs. C’est le cas, en particulier, de ce que, depuis Bally, on appelle le style indirect libre.
Ces « phases sans parole » ont ceci d’étrange que, précisément parce qu’elles « représentent » des paroles et des pensées, la langue permet seulement de les écrire, sans qu’elles correspondent à rien de ce qui pourrait être dit dans une situation de communication.
D’où un problème pour les linguistes qui admettent le cadre théorique et épistémologique de la théorie syntaxique de Chomsky : la nouveauté de ces phrases reposerait-elle sur une grammaire propre, aussi nouvelle et singulière qu’elles ? Un des points forts des recherches d’Ann Banfield est de montrer qu’il n’en est rien et d’en tirer toutes les conséquences, linguistiques et littéraires.
Ce livre – où les exemples cités constituent à eux seuls, par leur nombre et leur variété, un véritable florilège de la littérature romanesque de langues anglaise et française – intéressera tous ceux qui sont conduits à réfléchir à l’expression de la subjectivité dans la langue.