Le Vent jaune, enquête menée auprès des Palestiniens de Cisjordanie et de gaza après vingt ans d’occupation par les autorités israéliennes et publiée peu avant le début de l’Intifada, avait éveillé les consciences nationales et internationales.
Cette fois, avec Les Exilés de la Terre promise, David Grossman aborde le sort des « Arabes de 48 », restés après la création de l’État d’Israël et devenus citoyens israéliens. Car si Israël se veut État juif et terre d’accueil pour les Juifs du monde entier, un cinquième de sa population est arabe. Or cette minorité se sent écartelée entre sa loyauté envers son « pays » et son « peuple » théoriquement en guerre contre Israël ; écartelée entre ses identités contradictoires – arabe aux yeux des Juifs hostiles ou israélienne aux yeux des Palestiniens méprisants.
Pourtant, l’Intifada a provoqué un changement dans la perception que les Arabes israéliens ont d’eux-mêmes. Certains se définissent ouvertement comme Palestiniens et soutiennent leurs frères par-delà la Ligne verte. D’autres n’aspirent qu’à rester en Israël à condition que la suspicion et la discrimination cessent, qu’une réelle égalité de droits et de chances leur soit donnée.
Cette enquête menée avec honnêteté, compassion et lucidité n’offre pas de solution. Pour Grossman, le problème politique est la conséquence d’une incompréhension, d’une insensibilité réciproques. A l’heure où Israël cherche à faire la paix avec les palestiniens des territoires occupés, ne devrait-il pas se préoccuper de ses propres Palestiniens depuis si longtemps en équilibre précaire sur une corde au-dessus de l’abîme ?