Le XIXe siècle est incompréhensible sans sa dimension religieuse. La religion est un des piliers de la culture au même titre que la langue : elle définit des identités, inspire les œuvres de l'esprit, dirige les pratiques. Les hommes du XIXe siècle - catholiques, protestants, libres penseurs, francs-maçons, etc. -, se sont affrontés, non pas pour résoudre la «question religieuse», attitude qui prévaudra en 1905, mais autour de ce qui apparaît bien plutôt comme un grand conflit religieux sur la nature des liens qui unissent la Nation à son histoire. Pour les uns la «vraie religion» ne saurait être qu'un catholicisme de tradition, qu'il soit libéral ou ultramontain, pour les autres il s'agit de promouvoir, dans le sillage de la Révolution, la Religion de la République, qu'elle soit celle de la Science ou celle du socialisme, voire de l'Art. Tous les hommes du XIXe siècle, absolument tous, du paysan à l'ouvrier, du bourgeois à l'intellectuel, ont cherché à dépasser la fracture de 1789.