Nietzsche demandait : pourquoi avons-nous voulu le vrai plutôt que le non-vrai ? Sa question prend à revers la tradition européenne, en osant toucher à la valeur de la vérité, mais elle ne remet pas en cause le monopole que celle-ci a fait subir à la pensée, et la fade représentation de la sagesse qui en a découlé.
Et si, au lieu que ce soit la sagesse qui n’aurait pas accédé à la philosophie, c’était la philosophie qui, en se braquant sur le vrai, avait dérapé hors de la sagesse ? Car si le sage est « sans idée », comme il est dit de Confucius, c’est que toute idée avancée est un parti pris sur la réalité.
En partant sur les traces estompées de la sagesse, cet essai revient sur ce qui a pu échapper à la philosophie et, confrontant celle-ci à la pensée chinoise, redonne une consistance à la sagesse.