D’un retournement l’autre
Le rideau s’ouvre : messieurs les banquiers, son Altesse le président de la République française, monsieur le Premier ministre, monsieur le gouverneur de la Banque centrale et le petit peuple des conseillers de la Cour. La pièce peut commencer : lessivés par la crise des désormais célèbres « subpraïmes » (sic), les banquiers s’apprêtent à sonner à la porte de l’État pour lui demander de mettre la main au porte-monnaie… avant que le résultat de leurs acrobaties ne fasse exploser les dettes publiques et ne conduise à la rigueur pour tous – sauf pour eux.
Mais ces « élites » aveuglées par leur domination et déjà disqualifiées par l’Histoire ne voient pas qu’un retournement peut en cacher un autre. Et celui des marchés annoncer celui du peuple.
Le texte de la pièce est suivi d’un post-scriptum : « Surréalisation de la crise ».
Frédéric Lordon
Économiste, il est notamment l’auteur de Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières (Raisons d’agir, 2008), La Crise de trop (Fayard, 2009), La Société des affects (Seuil, 2013).