Pour Fernando Navales, fils d’une famille ruinée, tous les moyens sont bons pour sortir de la pauvreté et connaître la gloire littéraire, en particulier plagier les œuvres de Pedro Luis Gálvez, poète et bohémien, qu’une misère noire accable et pousse aux dernières extrémités. Tandis que Gálvez fait la manche dans les cafés de Madrid avec le cadavre de son fils mort-né dans une boîte à chaussures, parcourt affamé les veillées funèbres ou dévalise des banques pour remplir les caisses de ses amis anarchistes, Navales exerce son chantage sur les écrivains et les artistes, se lie d’amitié avec José Antonio Primo de rivera et dirige le bras armé de la Phalange.
Pío Baroja, Valle-Inclán, Gómez de la Serna, Buñuel, Dali, Borges, Lorca, toutes les grandes figures des premières décennies du siècle espagnol accompagnant la lutte sans merci que se livrent Navales et Gálvez, dans une fresque impitoyable où abondent prostituées et mendiants, anarchistes et criminels, peintres et poètes. L’Espagne, qui s’enfonce dans toute la cruauté et la décadence, entraînera l’un vers l’abjection et mènera l’autre à un héroïsme rédempteur.
Avec ce premier et magistral roman, Juan Manuel de Prada a fait une entrée fracassante dans la littérature espagnole. Par sa puissance narrative et son sarcasme dévastateur, par son ambition littéraire, il s’est imposé d’emblée comme un magnifique écrivain, le plus inventif et le plus surprenant de la toute nouvelle génération espagnole.