Chassé de France par la guerre, comme expulsée de son histoire et de sa mémoire, un jeune médecin aborde en 1942 sur les rives d’une petite île dressée à l’écart du temps dans la mer des Antilles. Il se voit admis dans ce qu’il appelle l’envers du monde, et pense avoir trouvé le lieu idéal pour disparaître définitivement. Il espère expier ainsi la faute d’avoir échappé seul au sort des siens, qui ont été arrêtés et déportés.
Il y rencontre deux femmes qui, presque ignorantes de ce qui se passe en Europe, survivent à leur propre deuil et sont frappées comme lui d’une même absence au monde et à soi. L’une est une vieille aristocrate créole, et l’autre une jeune métropolitaine que son mari a abandonnée avec leur petite fille. Rapprochées par les deux enfants inséparables qu’elles ont en charge, unies par l’isolement, le dénuement et la solitude au sein d’une vieille plantation, Mme de Sauve et Manon parlent de la nuit, de la nature, de la sauvagerie et des morts, en guettant chaque soir à travers les arbres l’apparition de la lumière qui, depuis soixante ans, s’allume sur la mer dans les ruines d’une ville abandonnée.
Le docteur Sethiev et Manon vont se deviner l’un l’autre, se plaire, s’aimer, sans oser d’abord se livrer à une passion qui leur paraît survenir par erreur dans leurs destins.
Mais la rencontre ultime avec Abel, l’ancien esclave noir qui allume la lampe dans l’île, achèvera de faire basculer Sethiev du côté de la vie.
Raconté alternativement par ses deux principaux protagonistes, ce livre est l’histoire d’un amour et d’une rédemption trouvés au-delà du désastre, loin du fracas des armes.