Dans un long monologue destiné au fils qu'elle porte en elle,
la narratrice - la quarantaine célibataire - dresse le bilan de sa
vie. Arrivée au terme de son neuvième mois de grossesse, elle a
relaté tout ce qu'elle dira à son enfant et tout ce qu'elle lui taira,
en bonne mère qu'elle se promet d'être. Et de cet «intrus» elle
nous a révélé petit à petit le mystère de la conception.
Avec elle nous traversons l'État d'Israël des années soixante :
l'enfance terne d'une petite immigrante, l'expérience décevante
du service militaire, les pénibles débuts à Tel-Aviv, la
grande ville hostile, laide, tentatrice. En bref, la difficulté de vivre
avec son cortège d'épreuves, d'échecs. Jusqu'à cette naissance
miraculeuse qui lui assure la rédemption, l'entrée au paradis.
Alternant entre la poésie, le réalisme cru, l'humour aussi,
Eleonora Lev nous brosse, d'un ton alerte et incisif, le portrait
d'une femme israélienne de son temps, reflet d'une génération
trompée aux idéologies dépassées.