Paroles d’un soufi
Abûl’-Hasan Kharaqânî (963-1033) a été unanimement reconnu comme Maître suprême à son époque. Par ses paroles d’éveil, il s’inscrit dans la généalogie spirituelle, mystique et historique des Porteurs de lumière. Aux anges qui lui demandent les raisons de sa vitesse, il répond : « Je suis un homme et je suis composé de lumière et de feu. La vitesse de ma course vient du feu du désir de Dieu. »
Génial analphabète, Kharaqânî se distingue par l’intempérance et l’incontinence de son verbe. La plupart de ses paroles sont des énoncés chocs où l’humilité du Maître entre en collision avec la gloire divine qu’il exprime. Un siècle après Hallâj, Kharaqânî s’affirme vide de toute connaissance héritée, comme le prophète Muhammad. Il n’hésite pas à dire : « J’ai rencontré Dieu en fréquentant les ânes. » Mais aussi : « Le soufi est un corps mort, un cœur ravi, une âme brûlée. »
Traduit du persan et présenté par Christiane Tortel