Sur le caractère national des langues, et autres écrits sur le langage
Wilhelm von Humboldt (1767-1835), initiateur de la linguistique comparée, l’un des découvreurs des langues du Nouveau Monde et de l’Océanie, traducteur obstiné de l’Agamemnon d’Eschyle, a accompli une révolution intellectuelle dont il reste à mesurer la portée.
Contre la tradition logiciste qui réduit le langage à un ensemble de signes, il fait valoir le lien de la pensée aux sujets parlants et à une langue déterminée. Pour autant, il n’adhère pas au mythe romantique d’une langue originaire ; chaque langue organise le monde et la pensée d’une façon propre, et toutes les langues peuvent tout dire avec des moyens différents : ce sont des individualisés historiques qui projettent leur « vision du monde ».
Les textes présentés ici, essentiels pour l’intelligence du projet humboldtien, nous font parcourir le monde des langues.
Denis Thouard
Chercheur au CNRS, il a notamment publié au Seuil Pourquoi ce poète ? Le Celan des philosophes (« L’Ordre philosophique », 2016).